Deux épaves reconstituées pour les plongeurs au large du Frioul et de Niollon
Réimmerger ces amphores, près de 70 ans après leur découverte, est une manière de commémorer le centième anniversaire de la naissance du commandant Cousteau.
Photo Fred Bassemayousse
Immergées pour une partie d'entre elles dans une zone sablonneuse et abritée de l'archipel du Frioul, ces amphores ne sont pas les premières cruches venues : elles constituaient en effet le butin de la toute première fouille archéologique sous-marine en scaphandre autonome de l'Histoire, en 1952, à proximité de l'îlot du Grand Congloué, au large des calanques de Marseille. L'épave où elles reposaient à l'époque avait été fouillée par une poignée de plongeurs réunis par Jacques-Yves Cousteau sur son nouveau bateau, la Calypso, alors inconnus du grand public. Tous allaient très vite entrer par la grande porte dans l'histoire de la plongée, notamment Albert Falco, qui fit la connaissance de Cousteau à cette occasion et Henri-Germain Delauze, qui fondera la Comex moins de dix ans plus tard.
L'idée de réimmerger ces amphores, près de 70 ans après leur découverte, signe aussi la volonté du Drassm de commémorer le centième anniversaire de la naissance du commandant Cousteau, considéré comme un de leurs précurseurs les plus marquants par les archéologues plongeurs du monde entier. "C'est aussi pour cette raison que nous avons souhaité implanter les deux premiers sites français qui reconstituent une épave antique en rade de Marseille", détaille Patrick Grandjean, rappelant que "cette ville ajoué un rôle prépondérant dans l'histoire de la plongée et de l'archéologie sous-marine au cours du siècle écoulé". Après le Frioul, c'est au large de la calanque de Niollon que la deuxième partie des amphores issues du Grand Congloué va être immergée. Plusieurs clubs de plongée opérant à Marseille et sur la Côte Bleue ont été associés à l'opération : le CIP Niollon, le club Plaisir de la Mer et le Neptune Club, mais aussi le Groupe de recherches archéologiques sous-marines (Grasm) de Serge Ximénès, une des rares associations d'archéologues sous-marins amateurs à collaborer au long cours avec le Drassm. Pour eux c'est du pain béni, à l'heure où le grand public réclame sans cesse des nouveautés.
"Un risque que nous acceptons de courir"
Ces deux sites constitueront en effet de nouveaux "spots" de plongée pour leurs membres et leurs clients, dans des zones qui ne présentaient jusque-là aucun intérêt particulier. Leur profondeur n'excédera pas une quinzaine de mètres, afin de permettre au plus grand nombre de découvrir ces reconstitutions d'un site archéologique antique avant fouille sous-marine. Reste que replacer sur le fond de véritables amphores romaines n'est pas sans danger. Les pilleurs d'épaves sont en effet légion dans le secteur et peu importe, pour eux, qu'une amphore provienne ou non d'un site vierge, dès lors qu'elle est authentique.
"C'est un risque, admet Patrick Grandjean, mais nous acceptons de le courir. D'une part parce que ces amphores n'ont pas grande valeur marchande, d'autre part parce qu'il nous a paru plus intéressant de les rendre accessible au grand public plutôt que de les enfermer derrière une cage sous-marine, comme cela se fait dans d'autres pays." Pour surveiller le site et éviter sa destruction précoce, le Drassm compte d'ailleurs "sur la motivation et le savoir-faire des clubs de plongée, qui ont tout intérêt à ce que ces sites restent en l'état", mais aussi sur la vigilance des agents de l'État en mer (gendarmerie maritime, douanes, vigies ) pour dissuader les plongeurs mal intentionnés.
Fuente : http://www.laprovence.com/article/region/les-amphores-de-cousteau-retrouvent-les-profondeurs
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