La Corse regorge de trésors enfouis sous terre ou sous la mer. Depuis plusieurs années, une équipe de plongeurs affiliés à la fédération française d'études et de sports sous marin parcourt les fonds de la mer Tyrrhénienne dans le Cap Corse à la recherche d'épaves de navires. Cette année, les prospections ont été des plus fructueuses. Les partenaires de Gilles Le Roy de La Briere ont découvert une embarcation romaine datée de 30 après Jésus-Christ.
Le bateau, selon les premiers relevés archéologiques, a coulé avec toute sa cargaison et se rendait d'Espagne en Italie. Il a sombré à quelques centaines de mètres de l'île de la Giraglia et repose actuellement par 36 mètres de profondeur.
« Trois dolia seraient intacts »
D'une longueur de 25 m, l'embarcation transportait des Dolia. Les Romains les utilisaient pour entreposer, lors de longs voyages, des quantités importantes de vin. « Ces navires correspondaient à nos portes containers d'aujourd'hui. Nous avons comptabilisé au moins douze dolia sur la zone. C'était un gros chargement pour l'époque. Mais selon nos premiers relevés trois d'entre eux sembleraient intacts. Il faut savoir qu'un dolium (dolia au pluriel) pesait aux alentours de 1200 kg et pouvait contenir près de 3 000 litres de vin. De très nombreux morceaux jonchent le fond de la mer. Nous avons aussi découvert que les hommes de l'époque consolidaient le dolium avec du plomb. Par contre, nous ne connaissons rien sur leur mode de fabrication. »
Cette nouvelle épave, mise au jour par les seize plongeurs venus de la région de Lyon, est très intéressante pour Gilles Le Roy de la Briere. Elle pourrait donner de précieuses indications aux chercheurs sur le transport des marchandises par voie maritime. « Nous avons retrouvé la quille du navire qui mesure huit mètres de long et 22 varangues. En les assemblant nous pourrons savoir si de tels bateaux étaient à fond plat ou incurvés. Nous allons faire appel à des spécialistes pour avoir de plus amples renseignements. »
La campagne de fouilles aura été particulièrement riche cette année. Les plongeurs ont, également, découvert un deuxième gisement à 70 mètres de l'épave principale. « Nous avons trouvé, sur une surface de 5 000 m2, des tessons d'amphores qui sont de deux époques différentes. Les premiers datent de 130 à 70 av J.-C. et les autres de 100 ap J.-C. Il semblerait que dans la zone, il y ait eu au moins deux naufrages. »
Si pour cette année les recherches s'arrêtent, l'équipe de Gille Le Roy la Briere a déjà l'intention de demander les autorisations nécessaires pour replonger sur la zone la saison prochaine. « Cette année, la météo n'a pas été clémente. Nous avons travaillé avec une mer démontée et des creux de plus de deux mètres. Il nous faudra encore deux à trois ans pour remonter toutes les découvertes de cette épave. Dans le naufrage les dolia ont été répandus sur plus de 50 mètres. »
En sachant qu'à ces profondeurs, les plongeurs ne peuvent pas rester plus de 20 minutes on mesure très bien l'ampleur de la tâche qui attend les archéologues ces prochaines années. Mais c'est à ce prix que l'Histoire avance et que se dévoilent les moyens dont disposaient les Romains il y a plus de 2000 ans...
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