jueves, 23 de diciembre de 2010

Le port romain de Narbonne redécouvert

Méconnu, le port romain de Narbonne est l'objet d'un programme de recherche à long terme. Les fouilles actuelles ont révélé plusieurs infrastructures portuaires autour des étangs de Bages et de Sigean.
François Savatier
Salut, ô Narbonne, à la douce température, toi dont l'aspect flatte agréablement la vue, cité recommandable par les campagnes qui t'environnent, par tes murailles, par tes citoyens, par ton enceinte, par tes édifices, par tes portes et tes portiques, par ton forum, ton amphithéâtre, tes temples, ton capitole, tes monnaies, tes thermes, tes arcs de triomphe, tes greniers publics, tes marchés, tes prairies, tes fontaines, tes îles, tes salines, tes étangs, ta rivière, ton commerce, ton pont, et enfin par la mer qui t'avoisine. Toi seule peux vénérer à bon droit et Bacchus, et Cérès, et Palès et Minerve, grâce à tes moissons, à tes vignes, à tes pâturages, à tes oliviers.
Sidoine Apollinaire, Ve siècle
Fondée en 118 avant notre ère, la ville romaine de Narbonne passe pour avoir eu le plus important port romain d'Occident après Rome. Cela n'est pas étonnant puisque Narbonne était la capitale de la Gaule narbonnaise. Pour autant, l'importance et l'organisation de son dispositif portuaire restent méconnues. Pour y remédier, la Région Languedoc-Roussillon, l'Université de Montpellier, l'INRAP et le CNRS ont lancé un programme de recherche de quatre ans doté de 2,6 millions d'euros. Une équipe interdisciplinaire fouille actuellement deux sites portuaires.
La zone étudiée se trouve au Nord du grand étang de Bages/Sigean, au lieu-dit Port-la-Nautique, qui accueille le port de plaisance de Narbonne. Cette zone se trouvait dans l'Antiquité au fond d'un golfe relié à Narbonne par un ancien bras de l'Aude, fleuve devenu aujourd'hui le canal de la Robine. Dans l'Antiquité, des embarcations fluviales descendaient le long de ce chenal depuis le port fluvial de Narbonne, puis à travers étangs et lagunes vers les ports et avant-ports romains répartis en divers endroits du golfe, et sans doute spécialisés par types de marchandises.
Ainsi, sur le site de la Nautique, les prospections géophysiques ont permis de repérer un canal d'une soixantaine de mètres de long qui se dirige vers de vastes entrepôts à dolia, vases de très grande taille (jusqu'à 1200 litres) où l'on stockait vin, huile ou céréales. L'aménagement du site suggère que du vin en vrac était amené par bateaux citernes et déchargé dans des docks spécialisés. Les dernières fouilles ont en outre mis en évidence une énorme quantité de coquillages dont les chairs ont pu être exportées sous forme de salaisons. Du reste, la présence de fours de potiers montre que la fabrication sur place de vases de stockage participait de l'économie du port.
Sur le site du Castelou, non loin de là, plusieurs sondages ont mis en évidence deux jetées servant au déchargement des marchandises. Comme elles ont été édifiées dans un environnement très marécageux, les anciens Narbonnais les ont construites en apportant divers matériaux, dont des galets, des gravats, mais aussi des fragments de monuments démantelés. Un tel recyclage est illustré par des blocs de corniche, provenant d'un temple démantelé, retrouvés dans le soubassement d'une chaussée, qui faisait probablement partie du réseau de voies reliant la cité à son port. Une plage aménagée pour l'accostage de petites embarcations a aussi été identifiée.
Ces structures s'avançaient dans d'anciens marais, qui, dans l'Antiquité, devaient être impraticables à pied. Leur vocation portuaire, qui ne fait guère de doute, est confirmée par la présence de pierres étrangères à la géologie locale, tels le basalte ou l'ophiolite, roches denses et lourdes utilisées comme lest dans les navires. Plusieurs lourdes masses métalliques produites par la réduction de minerais de fer témoignent du stockage sur place de cette matière première.
Aubaine d'archéologues, les chercheurs ont aussi retrouvé des structures en bois intactes, car restées dans l'humidité et à l'abri de l'air et de la lumière. Ces structures comprennent plus de 200 pieux constituant les renforts latéraux de chaussées ou d'appontements, ainsi que les ancrages d'une machine élévatrice. Leur analyse révèlera les essences d'arbres utilisées et donnera d'intéressants indices sur le couvert forestier de la région et les techniques de travail du bois.

C. Sanchez, CNRS
C. Sanchez, CNRS
Ces blocs de corniche ont été réemployés dans le soubassement d'une chaussée du port romain de Narbonne. Ils proviennent d'un temple démantelé de la cité jusque-là complètement inconnu.

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Google et FS/PLS
Google et FS/PLS
Les étangs et lagunes de Narbonne se situent entre les Corbières et la Méditerranée, et correspondent au delta d'un ancien bras du fleuve Aude, aujourd'hui devenu le canal de la Robine. Dans l'Antiquité, ils formaient ensemble un golfe dont le tracé approximatif est suggéré ci-dessus en vert.
C. Sanchez, CNRS
C. Sanchez, CNRS
Ce tronc en bois a probablement servi de soubassement à une machine élévatrice.

Fuente: http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-le-port-romain-de-narbonne-redecouvert-26119.php

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